Un phénomène devenu mondial
L'épargne française n'a jamais été aussi élevée, en témoigne les encours enregistrés par les livrets A et livrets de développement durable (LDD) ces derniers mois. S'ils ont de quoi rassurer en premier lieu les banquiers, les niveaux ainsi enregistrés apparaissent, pour les spécialistes, comme une menace pour l'économie.
Pour Patrick Artus, économiste renommé et directeur de la recherche et des études pour le groupe bancaire Natixis, ce trop plein épargne est "une cause profonde des dérèglements"économiques actuels. Plus exactement, ce dernier dénonce un "mauvais partage de la valeur ajoutée" entre les salaires, et les fonds, de suite épargnés.
Jusqu'alors très présent, en France et en Europe en général ou encore aux USA, ce phénomène semble se développer de plus en plus en Asie, et plus dramatiquement en Chine. Ainsi d'après Patrick Artus, la part des revenus des ménages chinois dans leur richesse produite aurait diminué de près de 8 point en à peine 14 ans pour atteindre seulement 45 % fin 2010. En bref, un "manque à gagner" de 470 milliards de dollars (320 milliards d'euros) par an pour la population chinoise.
Un engrenage qui mène à l'endettement
Ainsi, l'épargne gagne une part croissante sur la "richesse disponible", le pouvoir d'achat, engendrant un effondrement de la consommation. La demande s'épuise suive de fait par la croissance. C'est là qu'intervient le crédit, ouvert aux particuliers comme aux États , à des taux relativement bas afin de "redynamiser une économie sans croissance". L'appétence du produit "crédit" conduit les épargnants et les États à sur-consommer mais à crédit.
Ainsi, pour Patrick Artus, "le surplus de liquidité mondiale a provoqué, jusqu'en 2007, l'excès d'endettement et, de manière liée, la bulle boursière à la fin des années 90, puis la bulle immobilières. Depuis la crise de 2008, il n'y a plus d'endettement, et les bulles se sont déplacées vers les titres des pays émergents et les matières premières".